LES MIGRATIONS DE CAROLE BENZAKEN

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​Yemima

Carole Benzaken est l’une des artistes les plus représentatives de la scène artistique française. Elle s’est fait connaître par sa série de Tulipes dès les années 90 et revendiquait une figuration volontairement banale mais dont l’image culte était paradoxalement inscrite dans l’histoire de la peinture.

Depuis son retour des Etats-Unis, après un séjour de sept ans à Los Angeles, elle ne cesse de développer une pratique plus large, utilisant ou inventant toutes sortes de techniques picturales, de la vidéo, des caissons lumineux, aux récentes tables et tableaux de verre.

Ces multiples séries s’appuient sur le roule au à peinture qui se déroule au fil des jours, à l’image d’un journal intime que l’artiste écrirait. Celui -ci, long aujourd’hui de près de 70 mètres, constitue une sorte de banque de données d’images, petites peintures de 5,5 cm de haut , véritables tableaux miniatures, dans laquelle CB puise son inspiration. Sous une forme bien spécifique, elle participe ainsi à l’un des genres les plus attachants de l’art d’aujourd’hui.

Si ce ruban, d’où naîtront d’autres rouleaux à peinture (Candide, Megillah Ben Adam notamment), suggère un espace oriental à la narration, très vite le travail pictural va s’inscrire dans la profondeur du tableau, posant la problématique du mouvement en peinture et de l’illusion/allusion au cinéma. Utilisant différents supports, vidéos (Rush Hour), dessins rétro-éclairés (Ecclésiaste 7:24), verres « feuilletés » (Strange Fruit), calques, rubans de peintures (Portes-Tehilim), le travail de superpositions constituera une épaisseur physique manifeste au point de laisser voir les « dessous » de la peinture. Ainsi Carole Benzaken brouille les champs, confondant peinture et décoratif sans vergogne, et feuilletant dans un habile montage les multiples codes de l’image et de ses modes de perception.

Ces derniers travaux, tables éclairées (Saviv, Saviv) ou tableaux de verre (Magnolias), illustrent à l’envi l’un des principes de la modernité, de « l’art et la vie », affirmant la peinture comme recherche constante de déplacements et de migrations, signes perpétuels d’un continuel renouvellement de la vie. ​

Loin d’être une rétrospective, l’exposition s’organise autour de 5 thématiques majeures du travail de CB, journal/ la chose en suspens /mouvement/ Vanités/lumière, problématiques majeures réévaluées dans un certain nombre de pratiques actuelles et qu’éclairent précisément ici une soixantaine d’œuvres.